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Mobilité en Afrique : le pari du deux-roues électrique

14 juin 2023

Analyse

D'ici à 2030, selon une étude réalisée par McKinsey en 2021, 50 à 70 % des motos commercialisées en Afrique devraient être électriques. Face à l’accumulation de défis environnementaux et sanitaires, les motos électriques offrent une alternative intéressante à des villes comme Nairobi, Kampala ou encore Cotonou qui comptent une proportion non négligeable de motos thermiques.

Urbanisation, environnement et santé : trois accélérateurs de la transition électrique

La croissance démographique, le réchauffement climatique et la multiplication de maladies respiratoires sont trois facteurs à l’origine de changements profonds dans les habitudes de mobilité sur le continent. D’ici à 2040, les villes africaines accueilleront près d'un milliard d’habitants. Si cette explosion démographique ouvre des perspectives  positives pour les pays africains, elle soulève des inquiétudes quant à la gestion de la pollution urbaine. Au Kenya, selon des estimations de l'Organisation mondiale de la santé, près de 19 000 décès sont liés chaque année à la pollution urbaine. Pour répondre à cet enjeu, les autorités se sont fixées pour objectif de porter la part de véhicules électriques à 5 % des importations annuelles de véhicules d'ici à 2025 contre moins de 1 % actuellement. Un nouveau plan national pour le développement de la mobilité électrique a également été annoncé le 1er juin dernier pour faciliter le déploiement de motos électriques à prix raisonnable d’ici septembre 2023. En Ouganda, le gouvernement, avec l’appui du secteur privé, mise sur la fabrication locale des véhicules électriques. L’avantage est double, réduire le coût d’acquisition par rapport aux modèles importés tout en créant des emplois locaux et favorisant le transfert de compétences.  

Des défis de taille pour une adoption à grande échelle

Pour les consommateurs, le “range anxiety” ou peur de la panne, est le premier obstacle à l’achat d’une moto électrique. Les stations de recharges restent encore inégalement réparties, la plupart étant encore dans les grands centres urbains. Ces derniers mois, le déploiement de stations de recharges s’est néanmoins accéléré avec l’introduction par certains acteurs de solutions d’échanges de batterie, plus avantageuses pour les usagers. Le coût initial d’acquisition des motos électriques, en moyenne 25 à 30 % plus élevé que les motos thermiques, reste un frein majeur. Pour inciter l’achat de deux roues électriques, au Togo, le gouvernement a adopté des mesures d’exonérations fiscales, tandis que certains acteurs du marché offrent des conditions d'acquisition innovantes. SPIRO, un des leaders en Afrique, propose par exemple aux conducteurs d’échanger gratuitement leurs motos thermiques contre un modèle électrique. En dehors des leaders du marché comme Spiro, Metro Africa Xpress (MAX), ROAM ou encore Ampersand, les entreprises du secteur peinent à attirer les investisseurs. D'après une étude menée par la Shell Fondation en Éthiopie, au Kenya, au Nigeria, au Rwanda et en Ouganda, le déploiement des deux-roues électriques d'ici à 2030 nécessiterait entre USD 3,5 et 8,9 milliards. Si la révolution des deux-roues électriques doit se matérialiser, des investissements significatifs seront nécessaires, ainsi qu’une volonté affichée des États de mettre en place les mesures fiscales et réglementaires favorisant une mobilité urbaine durable et accessible à tous.  

À propos

Kevin Nana est Consultant chez Concerto, il est spécialisé sur les questions économiques et plus particulièrement sur les secteurs des infrastructures et du transport en Afrique. Pour plus d'informations et d'analyses, ou pour mieux comprendre comment Concerto peut vous accompagner, veuillez contacter insights@concerto-pr.com.