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Emprunts internationaux : de retour sur le marché, quelles sont les priorités stratégiques des pays africains ?

10 juin 2024

Analyse

Recourir à l'emprunt sur les marchés internationaux ? Une pratique courante pour les gouvernements du monde entier, mais à laquelle les pays africains n'ont pas eu accès au cours des deux dernières années, en raison de plusieurs facteurs : la pandémie de covid-19, la guerre en Ukraine et les difficultés des monnaies locales. Malgré ces défis, les pays africains font leur retour sur les marchés internationaux des prêts en 2024.

À propos

Clara Dias Tomada est analyste chez Concerto. Spécialisée en relations et affaires internationales, Clara se concentre sur les questions géopolitiques globales. Contactez Clara à son adresse mail, cdt@concerto-pr.com, afin d’obtenir plus d'informations sur le sujet, ou pour mieux comprendre comment Concerto peut vous accompagner.
QUICK INSIGHTS Recourir à l'emprunt sur les marchés internationaux ? Une pratique courante pour les gouvernements du monde entier, mais à laquelle les pays africains n'ont pas eu accès au cours des deux dernières années, en raison de plusieurs facteurs : la pandémie de covid-19, la guerre en Ukraine et les difficultés des monnaies locales. Ces multiples obstacles ont détourné les potentiels investisseurs de ces économies émergentes, pour cause, un risque de placement élevé.  

Malgré ces défis, les pays africains font leur retour sur les marchés internationaux des prêts en 2024. Cette reprise suscite des interrogations sur la manière dont ce nouveau financement sera mis en œuvre et sur les enjeux qui en découlent. Au cœur de cette reprise se trouvent les euro-obligations, des instruments de dette offrant une souplesse financière importante. Elles permettent aux pays émergents de lever des capitaux dans une devise étrangère, diversifiant ainsi leurs sources de financement et leur exposition aux marchés mondiaux. Classées par devise, comme l'eurodollar ou l'euro-yen, les euro-obligations sont devenues un choix privilégié pour les investisseurs qui cherchent à diversifier leurs portefeuilles. En janvier dernier, la Côte d'Ivoire a levé 2,6 milliards de dollars par le biais de deux obligations d'une durée de 9 et 13 ans. Ces obligations au taux d'intérêt de 8,5 %, selon Bloomberg, ont généré plus de 8 milliards de dollars, chiffre record pour un émetteur souverain d'Afrique de l'Ouest. Suivant cet exemple, le Bénin a émis en février une obligation à 14 ans d'une valeur de 750 millions de dollars à un taux de 8,375 %, sa toute première obligation libellée en dollars. Le Kenya, la plus grande économie d'Afrique de l'Est, lui a emboîté le pas en émettant une obligation à sept ans pour un montant de 1,5 milliard de dollars à un taux de 10,375 %. Les récentes émissions réussies par la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Kenya indiquent une amélioration des conditions financières mondiales. L'Angola et le Nigeria, bien que confrontés à des taux d'inflation élevés depuis 2023, sont également susceptibles de suivre cette voie, soulignant ainsi une dynamique régionale émergente. Ces avancées marquent une étape importante dans le retour des nations africaines sur les marchés internationaux de la dette, mais elles soulèvent également la question cruciale des priorités stratégiques que ces pays doivent adopter pour garantir leur succès financier. Bien que le chemin vers la reprise économique soit parsemé d'embûches, les investisseurs demeurent prudents en raison des risques inhérents, tels que l'instabilité économique et politique dans certaines régions. Face à ces défis, il est essentiel que les pays africains mettent en place des stratégies robustes pour garantir la durabilité de leur endettement. Cela implique de concentrer leurs efforts sur la gestion de l'instabilité politique et économique, l’établissement d’une fiscalité efficace, ainsi que sur l'amélioration de la notation des risques pays. Dans ce contexte, les notations mises en place par des agences telles que Fitch et Moody’s prennent une importance capitale. Elles permettent d’évaluer les risques des investissements. Une bonne notation, obtenue grâce à une gestion rigoureuse, permet d’émettre avec succès des obligations. En outre, une bonne émission, réalisée en concert avec les organismes financiers, peut contribuer à améliorer cette notation. En cette année 2024, malgré les obstacles qui persistent sur la voie de la reprise économique, des progrès significatifs sont observés. Des signes encourageants émergent grâce aux efforts déployés par de nombreux pays pour accroître leur attractivité. Ces initiatives, axées sur des réformes dans les domaines des infrastructures, du climat des affaires et de secteurs clés tels que l'agriculture et la technologie, bénéficient du soutien des institutions financières internationales telles que le FMI et la Banque mondiale.