À propos
Carine Gazier est consultante chez Concerto. Elle est spécialisée sur les questions politico-économiques et le secteur de l'énergie en Afrique. Contactez Carine sur son adresse mail
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QUICK INSIGHTS
- Face à la crise climatique pressante et à ses impacts négatifs sur le développement, l'Afrique compte sur la 79e AGNU pour relancer les discussions sur la taxation du carbone et d'autres mécanismes de financement vert.
- La vulnérabilité de la population, aggravée par la persistance des conflits violents, des flux migratoires croissants et des crises sanitaires, met en évidence le besoin de solutions pour le développement durable et des opportunités pour les jeunes.
- L'Afrique cherche également à accroître sa représentation au sein des structures décisionnelles de l'ONU pour s'assurer que les politiques mondiales intègrent de meilleure manière ses perspectives et ses intérêts.
Mobilisation de nouveaux financements face à l'urgence climatique
La 79e Assemblée Générale des Nations Unies s’inscrit dans la continuité de la Déclaration de Nairobi sur le changement climatique, adoptée il y a un an par les dirigeants africains. L'urgence de l'action climatique et le déblocage des financements pour le climat devraient être au cœur des discussions sur la durabilité et le financement vert lors de l'Assemblée générale. Un point essentiel à l'ordre du jour pour les leaders africains est l'évaluation et l'adoption d'un cadre robuste de taxation du carbone ciblant des secteurs clés tels que les combustibles fossiles, le transport maritime et l'aviation.
Le sommet de Nairobi a également mis en lumière la nécessité d'intensifier les pressions lors des réunions COP et AGNU pour mettre en œuvre une charte mondiale du financement climatique. À l'AGNU, les leaders mondiaux sont prêts à faire avancer les discussions sur la
déclaration de la COP 28 concernant un cadre mondial de financement climatique. Cette initiative comprend des engagements cruciaux, incluant l'investissement annuel de 5 à 7 trillions de dollars d'ici 2030 pour opérer une transition vers une économie plus verte, accélérer les objectifs de l'Accord de Paris et élargir l’accès aux financements concessionnels disponibles pour les initiatives climatiques. Au-delà de ces réformes financières d'envergure, les nations africaines chercheront à conclure des accords bilatéraux, notamment avec d'autres nations émergentes, pour renforcer la coopération Sud-Sud.
Faire face aux défis sécuritaires : définir un nouveau cadre pour les initiatives de paix
L'Assemblée générale des Nations Unies reste une plateforme essentielle pour les nations africaines et les institutions panafricaines afin de construire des partenariats, obtenir un soutien pour les efforts de maintien de la paix et humanitaires, et s’assurer que les voix africaines influencent les stratégies mondiales de sécurité. Les conflits à travers l’Afrique entravent le développement, déplaçant les populations et piégeant les jeunes dans des cycles de violence. Alors que les puissances mondiales se préparent pour le Sommet de l'Avenir, qui met l’accent sur l'autonomisation des jeunes, aligner un cadre résilient avec l'Agenda 2063 de l'Union africaine (UA) pour une « Afrique prospère et pacifique » sera crucial lors de l'Assemblée générale. Un aspect central de l'agenda de la paix et de la sécurité sera le renforcement du partenariat entre l’ONU et l’Union Africaine, en particulier sur le financement des opérations de maintien de la paix. En décembre 2023, le Conseil de Sécurité a adopté une résolution portant sur le financement durable des opérations de soutien à la paix menées par l’UA, mais des défis demeurent en matière de gouvernance et de planification. Selon cette résolution, le Conseil de Sécurité exige une autorisation explicite pour toute mission sollicitant des fonds de l'ONU. Seules les opérations dirigées par l'Union Africaine sont éligibles, excluant celles menées par des blocs régionaux. Discuter de ces lacunes sera impératif à l'AGNU.
Face à l’épidémie de Mpox, l’Afrique continue de faire face à d'importants défis en matière de sécurité sanitaire. Les épidémies et pandémies, comme l’a montré la COVID-19, ont révélé les vulnérabilités du continent. La pandémie a exposé les inégalités des systèmes de santé mondiaux et le manque de préparation des pays africains, principalement dû à des infrastructures inadéquates, des services de santé insuffisants et un accès limité aux produits médicaux essentiels. Cela a entraîné une mobilisation pour des investissements plus importants afin de renforcer les systèmes de santé et les chaînes d'approvisionnement. L'UA et l'Union Européenne (UE) ont déjà pris l'engagement d'élargir leur partenariat en matière de santé, et les nations africaines chercheront à conclure de nouveaux accords lors de l'AGNU pour renforcer la sécurité sanitaire. Dans ce contexte, la souveraineté vaccinale et l’établissement d'un secteur durable de production de vaccins en Afrique seront des sujets cruciaux, avec des pays comme 'Égypte, le Maroc, le Kenya, le Sénégal, l'Afrique du Sud et le Rwanda qui développent leurs capacités de fabrication de vaccins. Ces discussions s'appuieront sur les avancées réalisées lors du Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales.
Remédier à la sous-représentation de l'Afrique dans le système mondial
La 79e AGNU sera présidée par l'ancien premier ministre camerounais Philemon Yang, fermement engagé en faveur de la réforme de l'ONU. Un des thèmes centraux de l’Assemblée générale sera l'amélioration de la participation des pays en développement dans les processus décisionnels de l'ONU, avec un accent particulier sur la sous-représentation de l'Afrique.
Les nations africaines plaident depuis longtemps pour une plus grande influence dans des organes tels que le Secrétariat de l'ONU et le Conseil de sécurité (CSNU). La réforme du CSNU est perçue comme de plus en plus urgente, avec des appels à remettre en question la domination des membres permanents (P-5 : Chine, France, Russie, Royaume-Uni et États-Unis). Les pays africains réclament deux sièges permanents et deux sièges non permanents supplémentaires au sein du CSNU, dans le but d'augmenter leur représentation totale parmi les membres non permanents à cinq. Cette initiative est soutenue par d'autres pays, notamment l'Inde et la Chine, et a reçu l'appui de dirigeants mondiaux tels que le président américain Joe Biden, qui a annoncé en 2022 son soutien à l'augmentation du nombre de sièges permanents pour les pays d'Afrique, d'Amérique latine et des Caraïbes. Cette réforme permettrait de garantir un cadre de prise de décision plus inclusif et représentatif au sein de l'ONU.