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Les Jeux olympiques de Paris : un catalyseur de changement pour l'Afrique ?

30 juillet 2024

Analyse

Paris a officiellement donné le coup d'envoi des 33e Jeux olympiques le 26 juillet. Plusieurs chefs d'État africains se sont réunis avec le président Emmanuel Macron, lors de forums de développement et pendant la cérémonie d'ouverture. La compétition met en lumière une nouvelle génération de sportifs africains talentueux, prêts à briller aux Jeux Olympiques. Néanmoins, face aux coûts élevés de l'événement, une question demeure : verrons-nous un jour une ville africaine accueillir les Jeux ?

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Leonard Mbulle Nziege est consultant senior chez Concerto, spécialisé en intelligence économique et financière ainsi qu'en risques politiques en Afrique. Contactez Leonard à l'adresse lnm@concerto-pr.com pour plus d'informations sur le sujet ou pour savoir comment Concerto peut vous aider.
QUICK INSIGHTS Paris a officiellement donné le coup d'envoi des 33ᵉ Jeux olympiques le 26 juillet. Plusieurs chefs d'État africains se sont réunis avec le président Emmanuel Macron, lors de forums de développement et pendant la cérémonie d'ouverture. La compétition met en lumière une nouvelle génération de sportifs africains talentueux, prêts à briller aux Jeux Olympiques. Néanmoins, face aux coûts élevés de l'événement, une question demeure : verrons-nous un jour une ville africaine accueillir les Jeux ?
  • Les dirigeants présents à la cérémonie ont profité de l'occasion pour favoriser l'amélioration des relations entre la France et l'Afrique et pour discuter d'importants projets de développement.
  • Les athlètes des 54 pays africains sont présents à Paris, prêts à décrocher des médailles dans plusieurs disciplines sportives.
  • Malgré la solide adhésion de l'Afrique aux Jeux, quelles mesures peuvent être prises pour garantir l'organisation de la compétition sur le continent à l'avenir ?
L'événement a offert des opportunités de relations diplomatiques de haut niveau Paris accueille les Jeux olympiques du 26 juillet au 11 août, pour la première fois depuis 1924. 85 chefs d'État et membres de gouvernements ont assisté à la cérémonie d'ouverture, invités par le président français Emmanuel Macron. Douze chefs d'État africains étaient présents, dont le plus jeune président démocratiquement élu du continent, Bassirou Faye du Sénégal, le plus ancien président d'Afrique, Paul Biya du Cameroun, ainsi que le chef d'État mauritanien et président en exercice de l'Union africaine, Mohamed Ould Ghazouani. Ces dirigeants, ainsi que les autres chefs d'État africains présents, se sont entretenus avec le président Macron, soulignant ainsi le désir mutuel de la France et de ces pays respectifs de renforcer les liens bilatéraux. Un sommet de haut niveau sur le sport et le développement durable a été organisé par l'Agence française de développement le 25 juillet, au cours duquel le président rwandais Paul Kagame a été félicité pour ses récents efforts visant à promouvoir le sport comme vecteur de développement au Rwanda. Une cérémonie d'ouverture spectaculaire, à laquelle ont assisté plus de 300 000 spectateurs sur la Seine, a vu la participation d'environ 3 000 artistes, dont l'icône de la pop franco-malienne Aya Nakamura, qui était une des têtes d’affiche de la soirée. Les athlètes africains s'imposent désormais parmi les meilleurs du monde dans plusieurs disciplines Les Africains n'étaient pas seulement présents en tant que spectateurs et artistes, mais ils participent aussi activement en tant qu'athlètes dans de nombreuses disciplines. 54 pays africains ont envoyé leurs athlètes, les plus grandes délégations venant d’Afrique du Sud (149), du Nigeria (88) et du Kenya (83). Lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2020, les pays africains ont obtenu 27 médailles, dont le Kenya qui en a remporté 10. Ces pays espèrent dépasser cet exploit, l'équipe sud-africaine de rugby à sept et l'escrimeur tunisien Fres Ferjani ayant déjà sécurisé des médailles de bronze et d'argent dès les premiers jours de la compétition. Des individus tels que l'icône du marathon kényan Eliud Kipchonge, qui a remporté l'or en 2016 et 2020, et la nageuse sud-africaine Tatjana Smith, médaillée d'or en 2020, sont les plus grands espoirs du continent pour remporter des médailles d'or. Le cycliste érythréen Biniam Girmay, qui a marqué l'histoire plus tôt en juillet en devenant le premier africain à remporter une étape du Tour de France, et l'équipe de basketball masculin du Soudan du Sud, cherchent également à remporter des victoires importantes pour leur première participation olympique. Une ville africaine peut-elle un jour accueillir les Jeux Olympiques ? Bien que les athlètes africains soient présents aux Jeux Olympiques depuis 1904, aucune ville africaine n'a accueilli la compétition. L’Afrique du Sud s'en est le plus rapproché, atteignant le dernier tour de la sélection pour les jeux de 2004 qui ont finalement été attribués à Athènes. En réalité, les coûts importants associés à l'organisation des jeux, tels que ceux de Paris, nécessitant une dépense estimée à 9,7 milliards USD, rendent peu probable qu'une ville africaine hors Égypte, Maroc ou Afrique du Sud puisse accueillir les jeux dans un avenir proche ou moyen. Cela est en dépit des bénéfices économiques significatifs qu'ils peuvent apporter. Par exemple, la France devrait générer 3,2 milliards EUR de revenus hors billetterie, tandis que 150 000 opportunités d'emploi ont été créées grâce à la compétition. De plus, 6000 unités de logement abordable seront disponibles après les jeux, lorsque le village olympique sera converti en habitations, tandis que les arrivées touristiques devraient dépasser les chiffres précédent la COVID-19. Le Comité international olympique impose des processus de candidature de plus en plus stricts afin de réduire les dépassements de budget et les retards dans la réalisation des infrastructures observés au cours des 40 dernières années. Les pays africains devront donc faire preuve de plus d'innovation pour avoir des opportunités d'accueil. Les plans d'investissement à long terme devraient être orientés vers les infrastructures sportives et les programmes de développement. Les pays africains devraient également prendre des mesures pour accueillir davantage d'événements internationaux de haut niveau afin d'améliorer leurs capacités organisationnelles et techniques dans ce domaine. Un exemple de cet effort est la 4ème édition des jeux olympiques de la jeunesse qui se dérouleront en 2026 à Dakar (Sénégal). Prévu en 2022 et reporté à 2026 en raison de la COVID-19, cet événement sera une première pour l’Afrique et marquera un tournant important pour le sport sur le continent.