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Africa Electoral Watch | Tchad 2024 - Analyse pré-électorale
6 mai 2024

Analyse
Le Tchad est entré depuis 2021 et la mort de l’ancien président Idriss Déby Itno — père de l’actuel président Mahamat Idriss Déby — dans une période transitionnelle. Celle-ci qui devait s’étaler sur 18 mois, s’est finalement vue prolongée par le Conseil militaire de transition.
AFRICA ELECTORAL WATCH
Le Tchad est entré depuis 2021 et la mort de l’ancien président Idriss Déby Itno — père de l’actuel président Mahamat Idriss Déby — dans une période transitionnelle. Celle-ci qui devait s’étaler sur 18 mois, s’est finalement vue prolongée par le Conseil militaire de transition. Initialement prévue pour 2022, l’élection présidentielle aura finalement lieu le 6 mai soit près de cinq mois avant la fin de la transition, opposant le président sortant à neuf candidats de l’opposition. L’annonce faite le 27 février a été décriée par une partie de l’opposition, qui voit dans cette accélération du calendrier électoral une manœuvre électoraliste des forces au pouvoir. Face à une opposition désunie et affaiblie, la victoire de l’actuel président Mahamat Idriss Déby ne fait aucun doute. Les élections ont lieu dans un contexte de hausse de manifestations anti-pouvoir, qui ont lieu depuis 2021 dans les rues de N’Djamena. Sur le plan économique, les délestages, les difficultés d’approvisionnement en eau potable et la hausse de l’inflation ont alimenté le mécontentement des populations.ÉLÉMENTS À RETENIR
• Le premier tour de l’élection présidentielle se tiendra le 6 mai • Mahamat Idriss Déby devrait l’emporter sans surprise face aux 9 autres candidats • Le taux de participation devrait être faible, signe d’un désintérêt politique et d’un rejet du système persistant • L’élection se déroule dans un contexte socio-économique difficile, marqué par une augmentation de l’extrême pauvreté au cours des cinq dernières années • Hormis quelques tensions avec certains opérateurs pétroliers, la transition a tenté d’attirer de nouveaux investisseurs dans le pays, en particulier des Émirats arabes unis (EAU) et du Qatar LES POINTS À SURVEILLER Un scrutin sans surprise Il ne fait aucun doute que l’actuel président de la transition, Mahamat Idriss Déby, devrait remporter l’élection du 6 mai dès le premier tour. Après trois ans de transition, les Tchadiens ont en apparence l’embarras du choix, avec dix candidatures validées par la cour constitutionnelle, soit le même nombre que lors de l’élection de 2021 qui avait vu Idriss Déby élu pour un sixième mandat avec 79,32% des voix. Cependant, cette liste de candidats se caractérise davantage par ses grands absents, notamment Yaya Dillo Djerou, cousin de Mahamat Idriss Déby. Considéré comme le principal rival du président de transition, il est décédé le 28 février lors de l’assaut de l’armée contre le siège du Partiocialiste sans Frontières (PSF). D’autres opposants crédibles comme Nassour Ibrahim Neguy Koursami et Rakhis Ahmat Saleh ont vu leur candidature rejetée par le Conseil constitutionnel en raison d’irrégularités dans les documents administratifs requis. Néanmoins, les candidatures de deux poids lourds de la politique tchadienne, l’ancien Premier ministre Albert Pahimi Padacké et l’actuel Premier ministre Succès Masra ont été validées. Celle de Masra, est perçue localement comme une candidature de façade, qui permettrait de légitimer ce processus électoral critiqué par l’ensemble des partis d’opposition. À quelques jours du scrutin, la question de la crédibilité de l’élection se pose déjà, alors que les Tchadiens ont perdu confiance dans le système et les institutions électorales, le Conseil constitutionnel et l’agence nationale de gestion des élections (ANGE), dont la plupart des membres ont été nommés par le président actuel. L’absence de missions d’observations notables — seules l’Organisation internationale de la Francophonie et la CEEAC devraient envoyer des observateurs — amplifie ce risque autour de la validité des résultats qui seront prononcés. Les résultats du référendum constitutionnel tchadien de décembre 2023 portant sur l’adoption d’une nouvelle constitution, un scrutin test pour l’élection présidentielle, avait déjà été largement contesté par une opposition préférant le fédéralisme à un État unitaire.

