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Nouveau pacte financier mondial : quel bilan pour l’Afrique ?

5 juillet 2023

Analyse

Les 22 et 23 juin derniers Paris a accueilli le sommet pour un nouveau pacte financier mondial. Destiné à donner une impulsion politique à la réforme de l'architecture financière mondiale, à trouver des solutions au changement climatique et à la pauvreté dans le monde, et à renforcer la coopération entre le Nord et le Sud, le sommet s'est tenu quelques mois avant la COP 28 (novembre-décembre, Dubaï) et les réunions annuelles de la Banque mondiale et du FMI (9-15 octobre, Maroc). Malgré son caractère novateur, le sommet n'a pas débouché sur une totale refonte du système financier. Le sommet de Paris n'a produit qu'une esquisse d’un nouveau pacte qui n’a pas convaincu tout le monde. Une douzaine de chefs d’État africains étaient présents, parmi lesquels le président kényan William Ruto, le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, le président zambien Hakainde Hichilema, le président ghanéen Nana Akufo-Addo et le président gabonais Ali Bongo. Quel est le bilan de cette rencontre pour le continent africain ?

Quelques annonces multilatérales…

Les banques multilatérales telles que la Banque mondiale ont annoncé qu'elles augmenteraient leur capacité de financement de USD 200 milliards au cours des dix prochaines années afin de soutenir les économies à faibles revenus. Cette décision les oblige à prendre plus de risques et pourrait ainsi amener les pays du Nord à injecter davantage de liquidités. C'est aussi un appel au secteur privé pour qu'il soutienne cette dynamique. La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a également indiqué que l'objectif de mobiliser USD 100 milliards via la réallocation des droits de tirage spéciaux, au profit des populations les plus vulnérables, avait été atteint. Initiée par le président français Emmanuel Macron en 2021, cette initiative vise à aider les pays pauvres dans leur lutte contre la pauvreté et le réchauffement climatique de manière durable.  

…et une poignée de décisions structurantes

Le Sénégal s’est vu octroyer EUR 2.5 milliards pour réduire sa dépendance aux combustibles fossiles, et en particulier du fioul, dans le cadre d’un partenariat pour une transition énergétique équitable (JETP) réalisé avec la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Canada, et l’Union européenne. Le Sénégal devient ainsi le deuxième pays africain après l’Afrique du Sud à bénéficier du JETP. Le pays s'est engagé à atteindre une part de 40 % d'énergies renouvelables dans son mix énergétique (contre 30 % actuellement) d'ici 2030. Cet engagement prévoit l’utilisation du gaz naturel comme source d'énergie transitoire. L'annonce de ce financement survient alors que la production du champ gazier Grand Tortue Ahmeyim devrait débuter d'ici à la fin de l'année 2023. Plus de deux ans après le défaut de paiement du pays en 2020, un accord de restructuration de la dette de la Zambie a été conclu. Les créanciers du pays, dont la Chine, ont accepté de restructurer USD 6,3 milliards de dettes. L'accord prévoit des reports d'échéance et une réduction des taux d'intérêt.  

Quelles perspectives ?

Le sommet a été considéré par de nombreux observateurs comme un jalon sur la voie de la restructuration des institutions financières, notamment en raison de sa volonté affichée d'inclure davantage les économies du Sud dans le processus de prise de décision. Pour le continent africain, les enjeux du sommet étaient multiples : la mise en place d'un système financier plus juste et moins centré sur l'Occident, des annonces sur l'annulation des dettes, ou encore la création de mécanismes pour lever les obstacles à l'investissement privé dans les pays émergents. Dans le cas spécifique du Gabon, le Président a appelé à une mobilisation internationale pour apporter un soutien financier aux pays engagés dans la préservation de leurs forêts afin de renforcer les capacités de conservation. Ces mesures réformatrices, tant attendues, ont cependant peu de chances de voir le jour à court ou moyen terme, même si la Banque mondiale a annoncé qu'elle envisageait d'introduire une clause de suspension temporaire des remboursements de la dette à la suite d'une crise climatique. Ce genre d’initiatives, considérées comme des demi-mesures, ne satisferont pas les ONG et les pays africains concernés. Elles permettront de contenir les revendications jusqu'aux prochaines grandes réunions internationales, telles que le G20 (9-10 septembre 2023) et la COP28 (30 novembre-12 décembre 2023), qui seront l'occasion d'avancer sur des projets de réforme plus profonds.    

À propos

Carine Gazier est project consultant chez Concerto, elle est spécialisée sur les questions politico-économiques et le secteur de l'énergie en Afrique. Pour plus d'informations et d'analyses, ou pour mieux comprendre comment Concerto peut vous accompagner, veuillez contacter insights@concerto-pr.com.